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Voix : Alex Quérel, Chérifa Harzallah, Franck Omer, Mélodie Duchesne, François Parra, Mafalda Da Camara, Angélique Huguenin, Natacha Muslera, Bruno Raby
Chœur tac-til & Lionel Marchetti
« Nous sommes neuf voix, voyant·es et non voyant·es, nous chantons et explorons ensemble depuis 11 ans. Notre pratique consiste à écouter et imiter les écosystèmes sonores. Nous devenons les sons des biotopes, des machines, des espèces menacées, humaines, non humaines. Nos chants mêlent des pratiques vocales ancestrales et expérimentales. Nous sommes l'écueil d'une mémoire peuplée d'airs, de mélodies enfouies qui surgissent et nous emportent pour des hybridations, des mutations. En 2022, nous invitons Lionel Marchetti à jouer avec nous, à travailler l’espace du son en regard de sa facture électronique jusqu’à étendre nos chants — désormais emmêlés comme en une forêt ».
Natacha Muslera (vocaliste, improvisatrice, compositrice et chercheuse) insuffle Chœur tac-til en 2012. Cette création clôt dix années de résidence de recherche au GMEM. Lors de ces résidences Natacha a élaboré des modes compositionnels distanciés du champ visuel (robot haptique, blind partition…) en compagnonnage avec le chœur, à cela s’entremêle l’improvisation libre. Dès Janvier 2022, Lionel Marchetti avec son dispositif électronique est invité à travailler sur plusieurs temps de résidences au GMEM.
« À la lisière, voix et électronique se reflètent, troublent et inversent l’espace — onde sous marine, meute de souffle, plumes sifflées, creusent une forêt liquide. L’électronique cisèle l'inaudible des voix, infra basses, ultra aigus, l’air se fend comme autant d’éclats de roches volcaniques où affleurent des nappes d’éther en rupture avec l'organicité des bruits de bouches, des pluies de luettes »
Création 2023 Goze, a blind ecosystem
Création pour voix et électronique, projection 16mm.
Cette nouvelle création prend racine lors d’un voyage au Japon réalisé en mai 2023.
Chœur tac-til, Lionel Marchetti (compositeur, improvisateur) et Stefano Canapa (cinéaste) cheminent dans les villes et les forêts de la région du Kansaï.
Iels s’imprègnent des écosystèmes sonores, les auscultent, glanent des sons, organisent de nombreux tournages sonores et visuels entre cité humaine, temples bouddhiste ou shintô situés en fond de vallée, torrents de montagnes, cimetières traditionnels et autres jardins de pierres. Le chœur, devenant nomade, chante avec chaque milieu traversé.
Chœur tac-til a imaginé ce voyage en résonance avec différentes pratiques vocales et musicales au Japon. Notamment l’histoire des Goze, ces femmes musiciennes itinérantes, aveugles, qui ont arpenté le Japon du Moyen Âge jusque dans les années 90.
Les Goze jouaient du shamisen et leurs chants en partie improvisés se nourrissaient des bruits qui les entouraient (insectes, vent, flocons de neige sur une branche…). Différents répertoires cohabitaient : elles parlaient avec les morts ou bien elles rapportaient les histoires sociales et politiques d’un village à l’autre, elles étaient en quelque sorte des radios nomades.
Aujourd’hui une part de leur chant, comme tant d’autres traditions orales, sont au bord de la disparition.
Les Goze étaient des pionnières, elles ont lutté afin de mettre en place un système de caisse solidaire qui les protégeait et leur donnait la possibilité de s'entraider.
Elles ont mis au point un puissant outil social, transformant ainsi leur handicap.
Goze Ghosts ゴーズゴースト
performance en 16 mm, noir et blanc
Lors du concert, Stefano Canapa projette des boucles du film en devenir, il intervient en direct et manipule le projecteur tel un instrument de musique. Sur un tulle noir, entre lumière et obscurité, des images concrètes et abstraites viennent habiter le noir.
Première mondiale le 21 Novembre 2023, Modulation, CNCM-Gmem, Friche la Belle de Mai, Marseille
Chœur tac-til dépasse les problématiques purement musicales/esthétiques. Il est un terrain de réflexion, de jeux, une aire de soin, un espace de partage, critique qui tente de nouvelles formes de représentations et d'écritures. Il questionne ce qui émane des automatismes, des formes de hiérarchies perceptives et il expérimente de nouvelles tentatives lors des résidences, des concerts, des séances d'écoutes.