Pansori
Pièce épique pour Hauts parleurs et voix de Patrick Portella & Natacha Muslera
Pansori a été créé le 15 février 2014 – festival « REEVOX – friche de la belle de mai.
Aide à la création Région Paca – Gmem Centre National de Création Musicale et l’Association Des Antipodes
Le Pan, c’est le lieu d’une action.
Le Sori désigne toute sorte de sons ou de bruit.
Sorte de mimodrame statique, le Pansori est un opéra populaire coréen dans lequel un unique conteur (homme ou femme) incarne tous les personnages et assure en outre la fonction de narrateur : allant du très aigu au très grave et tenant les notes durant 15 à 20 secondes, l’interprète fait jaillir toutes les voix, du plus profond de son être jusqu’à une forme apparente de suffocation. Une intense performance vocale réalisée par Natacha Muslera. Une voix rauque, utilisée comme un instrument de musique dans des registres d’une étonnante diversité: voix ouverte, grande ampleur, différents timbres, maîtrise de la respiration… Ici, elle fait corps avec l’univers « exotico-acoustique » du compositeur Patrick Portella, épris de musiques et langues venues d’ailleurs, qui signe une pièce sonore, à la fois enracinée dans la tradition du Pansori et tendue vers la (post-)modernité.
Il faut s’exercer près des nombreuses chutes d’eau pour rivaliser de puissance avec les éléments. Un orchestre symphonique recomposé à partir d’éléments orchestraux isolés, échantillonnés, superposés et restitués sur 2 à 12 haut-parleurs répartis sur l’espace scénique. Il s’agit là de créer des lieux et des liens internes à l’orchestre. L’espace concret scénique est catégorisé comme un vaste Timbre, composé, comme on compose le timbre d’un grand orchestre. L’écriture du son traduit une densité expressive où se mêlent des élans haletants ou passionnés et des moteurs rythmiques souvent violents et obstinés, puisant volontiers aux sources du lyrisme et du rythme du Pansori.
Un univers musical et sonore fait de bouillonnements dramatiques tendus jusqu’à l’épuisement et de la confrontation souvent brutale de mondes sonores opposés. Un lieu, une architecture, un paysage ont par eux-mêmes des lignes de force internes, des angles morts, des endroits excessivement denses. Il s’agit ici, de trouver dans ces espaces acoustiques, des points de fracture ou de détournement, des accélérateurs de mouvements. Des blocs entiers se déplacent, des choses sont entassées ; il y a des couloirs et des tracés. La présence crée l’espace du spectacle.